When you send something out into the blogosphere, you never quite know what will become of it. For anyone who's interested, I see that the piece Andy Markovits & I wrote about
"Some Blind Spots and Hypocrisies of European Obamamania" is now available in a French translation, posted on a
France for Barack Obama blog (below).
=> For a different kind of response to our piece from France, posted on
Daily Kos by an American who lives in France and works as an elementary-school teacher, see "
Obama's international appeal". As I said, the blogosphere can generate all sorts of complicated ripples, connections, and conversations.
Yours for the Republic of Letters,
Jeff Weintraub
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France for Barack Obama blogBlog sur les élections américaines 2008 et la candidature de Barack Obama - Comité français de soutien à Barack ObamaY a-t-il une hypocrisie aveugle dans l’obamamania européenne?Cet article a été publié par
Archippe le Lundi 16 juin 2008 à 4:04 | Classé dans
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SarkozyPar Andreï Markovits et Jeff WeintraubVersion française: Archippe YepmouCet article fait suite à notre billet du 28 Mai,
“Obama et les progressistes: un curieux paradoxe” où nous faisions remarquer qu’il y a quelque chose de déroutant à propos de Barack Obama lorsqu’on analyse le support de sa base progressiste. Andreï Markovits est actuellement en Europe (il est professeur Invité à l’Ecole de sciences politiques de Vienne),
où sévit également l’Obamamania. Il existe toute une gamme de raisons pour cet enthousiasme, toutes compréhensibles et pour beaucoup d’entre elles admirables. Mais l’Obamamania à l’européenne (ce mot existe désormais dans la plupart de leurs langues) a aussi ses aspects paradoxal.
Le récit qui suit provient donc de Andreï Markovits depuis Vienne (qui y a comme nous le savons, ses entrées), alors maintenant je vais tourner ma plume vers lui. –
Jeff WeintraubAndreï Markovits: Depuis qu’Obama a décroché l’investiture démocrate, l’écrasante majorité européenne des médias, des milieux culturels et des élites politiques est euphorique. À bien des égards, je trouve cela merveilleux, cette totale euphorie. Dans un article que j’ai co-écrit avec Jérôme Karabel en Décembre 2007, nous faisions valoir que l’une des conséquences positives d’élire quelqu’un comme Obama Président serait d’aider à
rétablir le respect pour l’Amérique dans le monde - et pas seulement à cause de son action politique depuis la maison blanche, mais aussi à cause de ce qu’il est et de ce que son élection représenterait pour la société américaine. Nous commençons donc à voir les effets de cette possibilité dans l’opinion publique européenne alors que nous avançons dans cette course démocratique.
Dans le même temps, je ne peux m’empêcher de souligner certains aspects de cette réponse euphorique, en particulier celle des élites d’Europe occidentale et des prestigieux médias, qui sont fallacieux et même hypocrites.
Dans beaucoup de ces réponses, le message fondamental longe les lignes suivantes:
Maintenant, enfin, mais est-ce peut être un hasard (une chance, pas une certitude) ces barbares d’Amérique sont peut être sur le point d’abonder dans notre sens – notons en substance qu’ici, « sens » et « sensibilité » peuvent se confondre. Contrairement au cow-boy Bush et ses dangereux supporters, Obama est pratiquement un européen honoraire, qui peut apprécier la sagesse, la vertu, et l’illumination généralement monopolisées par les Européens (ce qui signifie généralement les Européens de l’Ouest). Cela est souvent suivi par un ultime sceau d’approbation - ils seraient heureux de voter en faveur Obama eux-mêmes, s’ils en avaient la chance.
Tous très réconfortants. Mais après avoir suivi les médias européens avec certains soins depuis mon arrivée à Vienne le 1er Juin, j’ai observé très peu de reconnaissance de la contradiction qu’exerce cet adoubement sur leur réalité politique. Obama, ou quelqu’un comme Obama, de même milieu social et de style politique, aurait quelque difficulté à se faire élire ne serait ce que pour une élection mineure dans aucun de ces pays, et encore moins de devenir Président ou Premier ministre.
Il existe plusieurs raisons pour lesquelles ceci est vrai. En dépit des louanges pour Obama de l’Europe occidentale et du bavardage de ses élites, la réalité est que quelqu’un dans leur propre pays avec la politique d’Obama et son style risquerait effectivement de porter atteinte à leurs privilèges. Un candidat européen Obama avec le même message d’espoir et d’idéalisme ferait qu’un grand nombre de journalistes européens, d’intellectuels et de politiciens rouleraient des yeux. Et dans les pays d’Europe occidentale avec les systèmes de partis, il serait presque impossible pour quelqu’un comme Obama de percer la voûte hiérarchique des partis de façon aussi spectaculaire.
Mais la plus fondamentale des raisons réside ailleurs. Un certain nombre de pays européens ont élu des femmes à des fonctions politiques, même les plus élevées. Mais, comme Jerôme Karabel et moi le soulignions, aucun d’entre eux n’a jamais élu un non-blanc quel que soit l’origine à son plus haut bureau politique – c’est-à-dire chef d’État ou de gouvernement. (En fait, aucun pays « blanc » au monde n’a jamais élu une personne noire à son plus haut niveau politique.)
OK, ni les États-Unis à ce jour. Mais le plus révélateur est que dans ces pays, le nombre suffisamment élevé de non-blancs considérés comme nationaux par le système politique devrait rendre plausible l’hypothèse de ces minorités aux plus hautes fonctions.
En France (selon la manière dont les calculs sont faits), environ dix pour cent de la population est d’origine arabe ou d’Afrique sub-saharienne. Mais les 577 membres de la Chambre des députés ne comprennent pas une seule personne ayant ces origines. Le Bundestag allemand a quelques membres d’origine turque, mais leur nombre est minime et aucun d’entre eux ne joue un rôle de premier plan (par rapport à certains poids lourds afro-américains, cubano-américains et américano-mexicains membres du congrès gouverneurs etc.. aux États-Unis). On peut trouver quelques rares exceptions près, ici et là (Ayaan Hirsi Ali aux Pays-Bas par exemple, mais pourquoi a-t-elle donc dû quitter le pays?). Mais le fait est que ces exceptions demeurent rares.
Ce n’est pas non plus seulement une question de race (ou de racisme). En comparaison avec les États-Unis, les sociétés européennes ont une conception ethnique plus restreinte, à la fois de la pleine citoyenneté et de la communauté politique, qui rend difficile aux « outsiders » de toutes sortes toute réussite politique. Considérons par exemple le gouverneur du plus grand et du plus important État américain, la Californie; c’est l’immigrant austro-américain Arnold Schwarzenegger. Est-il encore concevable qu’un étranger né d’immigrants avec un drôle de nom étranger ou d’accent étranger puisse être élu Premier ministre du plus important Land allemand, la Rhénanie Nord-Westphalie? (Ne cherchez pas - la réponse est non.) Et idem pour l’Italie, la Grande-Bretagne, la France et le reste.
(Franchement, il est difficile d’imaginer que quelqu’un ayant le profil de carrière d’ Arnold Schwarzenegger puisse être élu à un poste politique important dans un de ces pays, même dans son pays natal, l’Autriche – ce qui n’est peut être pas une mauvaise chose, selon la perspective que vous adoptez.)
Tom Lantos, un membre du congrès récemment décédé et survivant de l’Holocauste en Hongrie, arrivé aux États-Unis enfant et qui a fini par devenir une figure importante de la politique nationale, avait l’habitude de dire que l’histoire de sa vie avait été possible « only in America ». Obama dit la même chose, bien sûr: «Dans aucun autre pays sur Terre mon histoire eût été même possible ». C’est une caractéristique du schéma politique américain qui peut irriter ceux qui y voient un tromper et exagéré slogan d’auto-satisfaction. Mais au moins dans le cas de Tom Lantos, cette formule est correcte. Non seulement parce qu’il était juif - la France, avec ses épisodes d’intense lutte contre l’antisémitisme, a eu plusieurs premiers ministres juifs, le plus célèbre état Léon Blum. Après la seconde guerre mondiale, le chancelier Bruno Kreisky a servi à son poste pendant une longue période en Autriche- mais surtout par ce qu’il était né à l’étranger et de parents étrangers.
Egalement, cette plus grande ouverture du système américain n’est pas circonscrite à l’inclusion des personnes d’origine étrangère dans le cadre d’un mandat électif. Prenons, par exemple les anciens secrétaires d’État Henry Kissinger et Madeleine Albright, tous deux nés à l’étranger, Kissinger parle encore avec un lourd accent allemand. L’ancien Président du Comité des chefs d’état-major, le général John Shalikashvili est né à l’étranger, avec un nom géorgien à sonorité exotique. Le prédécesseur de Shalikashvili au sommet de la hiérarchie militaire des États-Unis, l’ancien Secrétaire d’État Colin Powell n’est pas seulement africain-américain (comme Condoleezza Rice), il est par ailleurs le fils d’immigrants jamaïcains.
Aux États-Unis, des figures comme celles-ci sont venus à être considérées comme normales, l’exception passe même inaperçue. Existe-t-il des équivalents des Kissinger, Albright, Powell, Shalikashvili dans aucun pays européen?
Puisque nous avons parlé de la France, il est juste d’ajouter que l’élection du président Nicolas Sarkozy offre une exception à ce modèle européen, avec pour ce dernier un profil plus “américain”(en ceci et en d’autres égards). Son père est un immigrant Hongrois, son grand-père maternel a non seulement immigré de Grèce, mais est né Juif séfarade à Thessalonique. En raison de ce contexte et pour d’autres raisons, l’élection de Sarkozy a été reconnue comme une rupture radicale avec les traditions politiques françaises. En outre, bien que Sarkozy n’ait été particulièrement bienveillant quant aux questions d’immigration, on peut ajouter à son crédit la nomination de deux femmes d’origine nord-africaine et du Sénégal, l’une à un ministère majeur et l’autre à un secrétariat d’Etat.
Mais jusqu’à présent, Sarkozy est un cas particulier, les personnes qu’il a nommées - comme indiqué plus haut – restent des exceptions marginales dans le système politique français.
A tout prendre, le fait qu’un afro-américain comme Obama soit maintenant le candidat présidentiel présomptif d’un grand parti américain constitue une nouvelle percée historique pour la société américaine. Cette nomination éclaire également sur ces aspects par lesquels la société américaine elle-même est profondément exceptionnelle.
Pour être exact, des réactions à la victoire d’Obama ont inclu une certaine reconnaissance de ce point - et non des moindres - il semblerait, dans certains milieux en France. Voici quelques raisons avancées par un éminent Obamaphile français cité dans l’International Herald Tribune de vendredi “L’enthousiasme en France après la victoire d’Obama”;
« Il inspire différentes personnes pour différentes raisons, mais il inspire la plupart des gens » [....] « Pour une partie de l’establishment français, Obama représente un nouveau chapitre de l’alliance transatlantique [....] Pour les minorités ethniques, il incarne ce besoin de plus d’égalité. » [....]
«On ne sera jamais assez enthousiastes pour cette nouvelle, pariculièrement en cette période de fort anti-américanisme », notait le quotidien français Le Figaro jeudi.
« Avec Obama, une certaine idée de l’Amérique est de retour: celle d’une société généreuse où l’égalité des chances n’est pas une promesse vide de sens. Espoir et changement, les mots-clés de sa campagne, raffermir cette redécouverte de l’idéal américain, qui résonne autant à l’intérieur du pays qu’au-delà » [....]
Kama Des-Gachons, 28 ans, Française, est l’une des quelques 600 jeunes hommes et femmes qui assistaient à une conférence-débat le mardi 3 juin sur « l’effet Obama en France ». Ses yeux brillaient quand elle se mît à parler d’Obama. Non parce qu’il est démocrate ou parce qu’il s’oppose à la guerre en Irak. Mais parce que son père était un immigrant africain, comme le sien.
« Il me fait rêver », dit Des-Gachons, dont les parents sont venus en France en provenance du Mali. « J’ai même acheté un t-shirt avec le drapeau américain. l’Amérique est le seul pays où ceci peut arriver ».
Des-Gachons vit la campagne électorale américaine de manière viscérale, comme si elle disposait elle-même d’un vote. Peut-elle imaginer un Obama français?
« Pas de si tôt », a-t-elle dit. Malgré un diplôme universitaire à la Sorbonne, il lui a fallu deux années pour trouver son emploi actuel dans la finance.
« Mais qui sait? » a-t-elle ajouté, faisant écho à un espoir que de nombreuses personnes formulèrent dans la salle. « Si Obama est élu, cela changera peut être certaines perceptions ici en France aussi ». [....]
Peut-être. Entre-temps, « l’effet Obama » est un rappel de la véritable et durable réalité de l’exception américaine - pour le meilleur et pour le pire, mais dans ce cas surtout pour le meilleur. Peut-être que ceci pourra aussi faire rêver les gens ici en Europe?
- Andreï S. Markovits enseigne les sciences politiques et la sociologie politique au département d’études germaniques de l’Université du Michigan.
- Jeff Weintraub enseigne la théorie politique et la sociologie politique à l’Université de Pennsylvanie. Il a également un blog à l’adresse suivante: http://jeffweintraub.blogspot.com/
Article original paru sur au Huffington post.